GRAND ANGLE SUR LOUISE GAGGINI ET SON DERNIER ROMAN « IN VIVO »
A la fois peintre et écrivain, musicienne, Louise Gaggini passe d’un art à un autre avec la même aisance qu’elle traverse l’océan pour aller retrouver la Floride et l’ombre d’Hemingway, où elle vit la moitié de l’année. Après plusieurs livres publiés et des expositions de peintures dans de belles galeries new-yorkaises, elle nous revient avec un nouveau roman « IN VIVO », une histoire d’amour entre une jeune femme et un homme plus âgé, mais aussi un cheminement autour de la littérature, pourquoi on écrit et pourquoi les mots.
INTERVIEW
Frank Cadet : Louise Gaggini, vous dernier roman In Vivo parle d’amour entre une jeune femme et une homme plus âgé, est-ce autobiographique ?
Louise Gaggini : Pas du tout. C’est après avoir écouté et compris jusqu’où les femmes peuvent aller par amour, dans l’abnégation la plus totale, que j’aie eu envie d’écrire un roman qui parlerait de passions et d’emprises, d’abnégation et de malentendus entre les femmes et les hommes ; J’espère qu’il apportera quelques clefs aux uns et aux autres.
Frank Cadet :Votre héroïne, ainsi que vous, est écrivain, ce n’est évidemment pas un hasard ?
L.G. : Ce n’est effectivement pas un hasard. Depuis mon premier roman « La résultante ou Claire d’Algérie » et le questionnement des lecteurs, j’ai eu très envie de partager et faire approcher la construction d’un livre, les doutes, les incertitudes, la solitude et l’exaltation ; comment naissent les personnages, ce qu’ils prennent aux auteurs, comment ils leur échappent ; comment ils sont à la fois nous…et autre chose !
Frank Cadet : Pour symboliser votre l’histoire d’In Vivo, vous avez pris la phrase de Nietzsche : Qui est le loup, qui est l’agneau, pourquoi ?
L.G. : Sans rien dévoiler de la fin, je peux quand même dire que mon héroïne, Laura, candide et emplie d’amour pour Stephen, un vieux loup désabusé qu’elle va aimer jusqu’à s’oublier elle même, va à la fin du livre, conclure sur quelque chose qui démontre que, peut-être, le loup n’est pas celui que l’on croit…
Frank Cadet : Merci à vous, Louise Gaggini on peut prévoir un joli succès à ce livre dans lequel les femmes comme les hommes pourront s’identifier, tout en appréciant cette belle plume qui est la vôtre, et que depuis votre premier roman « La résultante ou Claire d’Algérie » l’on vous reconnaît.
Interview réalisé par F. Cadet.
Extrait « IN VIVO »
Chapitre 1 : Apprivoiser l’éphémère
Ce matin elle s’est levée tôt. Avant l’imminence de la lumière. Bien avant que le soleil ne rougisse les Alpes qui au loin bordent les champs.
Blouson attrapé au passage mais pieds nus, elle s’est assise dans la prairie à l’instant où le plus ténu des éléments, la plus infime des particules soustraite encore à la dilatation était suspendue. Un trou noir qui tenant le monde en instance faisait de « rien » la seule réalité tangible. C’est en païenne qu’elle avait guetté les premières lueurs, convaincue que le soleil pouvait ne pas apparaître et qu’avec lui alors disparaîtrait ce qu’elle aimait. L’odeur des lavandes, le bourdonnement des guêpes, la Havane, Mozart, le rire des enfants le matin avec l’odeur du café. Et puis les bulles dans le champagne, le bleu et sur les arbres les pétales rouges des figues éclatées dont on s’approche par la bouche ainsi que l’on s’approche d’un sexe, avec désir et un peu de peur parce que poser sa bouche à l’intérieur de ces fruits et ne pas y trouver le goût et le plaisir imaginé cela revient à de l’imposture. Vous savez comme ces publicités mensongères « Cela ressemble à, mais ce n’est pas », d’ailleurs elle a commencé un roman « Éthique de l’imposture » … en fait elle hésite encore sur le titre, peut-être ce sera « Finalement » … enfin elle verra, dans tous les cas il lui faudra du temps pour l’écrire, mais ici dans cette maison du sud, elle est en adéquation et de nouveau innocente.
Oui, innocente !
C’est pour ça qu’elle se lève tôt…qu’elle va s’asseoir dans la prairie. Pour l’innocence, et la conscience précise à ce moment-là de l’universalité et de sa compassion infinie envers les milliards d’atomes qui la composent, dont elle est, elle Anne, minuscule et petite parmi les petites. Sûrement plus petite que la plus petite des petites ce qui la transporte de bonheur car pour elle, être, c’est être tout et comment l’être mieux que dans l’infiniment petit ?
Ce matin comme tous les matins depuis son arrivée ici, elle s’est donc levée pour voir le soleil s’élancer derrière les monts. Si vif que malgré l’embrasement du ciel pendant quelques secondes les plaines demeurent obscures.
Elle s’est levée pour lui et pour aller nager avant l’effervescence et la cacophonie des becs, des mandibules et des dents. Avant que tout ce qui du vivant relevé du sommeil ne s’attache à survivre, et elle est descendue vers le lac en prenant le chemin raviné juste en face de la maison.
À force d’aller en short par les garrigues elle a des égratignures un peu partout, mais elle n’a pas envie de faire autrement.
Et quand parfois inquiète d’un craquement trop près elle s’arrête avec l’impression d’un danger, elle entend battre son cœur et vraiment elle a peur, mais autour d’elle ça sent le serpolet, le lavandin, la terre mouillée, et elle sait qu’il ne peut rien lui arriver. « Lorsque les choses sont belles rien ne peut être mauvais ; souviens-toi, disait-il, souviens-toi de la beauté et de la consistance de la lumière. Si un jour tu as de la peine, retourne à la beauté du monde, devient le monde ».
Ce qu’elle avait fait.
Lorsque sa peine avait été trop grande pour la contenir, idiote sur un trottoir face à lui qui criait, elle s’était souvenue des mots de son père et dès le lendemain avait pris le train de quatorze heures vingt pour Aix-en-Provence, puis fait en voiture le reste de la route jusqu’aux gorges du Verdon.
Elle l’avait supplié pourtant, réduite à l’enfance.
« Ne me laisse pas, je suis perdue, je veux être avec toi, c’est à cause de l’abandon, je t’ai un peu dit, l’abandon, je n’arrive pas à faire avec, de temps en temps ça revient… »
Il s’était adouci, désarmé tandis qu’elle s’excusait, pleine de larmes plantée sur le trottoir.
– C’est quoi ce caprice, tu ne vas pas me faire ça maintenant !
– Je veux être avec toi…
Mais il ne comprenait pas et elle était restée silencieuse à l’écouter crier.
Le lendemain elle avait quitté
Paris et depuis son arrivée sur les plaines de Valensole le poids du corps de l’autre, l’avait déshabitée, en quelque sorte, elle respirait de nouveau sans douleur, elle avait même, avec jubilation, débuté son nouveau roman.
Extrait du Livre In Vivo de Louise Gaggini – www.edilivre.com
Romancière, journaliste, peintre, sculpteur, Louise Gaggini est l’auteure d’essais et de romans dont « La résultante ou Claire d’Algérie », « Dernière année avant le Bac», « Mensonge mon Amour » et d’un livre d’art pour l’UNICEF « Les enfants sont la mémoire des hommes. »
Elle est aussi l’auteure d’essais de société :
« SIDA, de la conscience à l’urgence »,
« Toxicomanies, paroles de jeunes»,
«Terrorisme et guerres bactériologiques»,
et expose régulièrement, récemment à New-York et Miami où elle devient l’une des étoiles montantes du Street art. Une sorte de Cocteau et Vian revisitée au féminin, qui passe d’un art à l’autre, convaincue que tout est art et tout est vie, et réciproquement.
COMMENT VOUS PROCURER « IN VIVO »
En le commandant auprès de : Edilivre.com
En le commandant dans votre librairie habituelle, ou autres diffuseurs traditionnels de livres, directement ou par internet.
CONTACT LOUISE GAGGINI
Site web : www.louisegaggini.com
Facebook professionnel : IN VIVO par Louise Gaggini
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