CANCER DU SEIN, LES HORMONES AU BANC DES ACCUSÉS

cancerduseinLe cancer du sein reste le danger majeur qui menace la santé des femmes. On le soigne peut-être mieux qu’avant, mais le danger, c’est que les nouveaux cas se multiplient : on en repère désormais quatre fois plus qu’il y a vingt ans. Meilleure surveillance, meilleure prévention, qui permettent de dénombrer des cas qu’on n’aurait pas décelés naguère ? Certes. Mais pas seulement. Parmi les responsables de cette hallucinante progression : notre mode de vie.

 

Dans les années 80, on repérait à peu près 7000 cas de cancer du sein par an en France. Aujourd’hui, on tourne autour de 30 000, au moins. D’où vient que la courbe a ainsi pu monter en flèche, alors que les progrès de la médecine font que c’est un mal qu’on soigne évidemment mieux qu’il y a trente ans ?

C’est que les femmes sont plutôt mieux prévenues. Il faut vraiment être ignorante ou irresponsable pour ne pas être alertée d’une grosseur inhabituelle et se rendre illico chez son gynécologue.

Mais la surveillance régulière et attentive n’explique pas pour autant que les cas se multiplient à une telle vitesse. Il faut donc se tourner vers des statistiques qui permettent d’y voir plus clair.

Le cancer du sein devrait toucher aujourd’hui, d’après des études récentes, une Américaine sur neuf. C’est énorme. La proportion de Françaises susceptibles d’êtres atteintes est du même ordre. Et dans les autres pays à niveau de vie comparable ? Quasiment la même chose, à une exception près, et de poids : le Japon. Les Japonaises ont cinq fois moins de cancer du sein que leurs homologues occidentales. Serait-ce une caractéristique génétique ? Eh bien non, car les Japonaises installées depuis longtemps aux États-Unis présentent le même taux de cancers du sein que les Américaines de vieille souche. La génétique n’est pas tout à fait hors du coup cependant. Les mécanismes de la genèse du cancer du sein sont aujourd’hui bien mieux connus. Les cancers, ceux du sein comme les autres, viennent d’un dérèglement du programme de division cellulaire et démarrent soit par le réveil d’un gène qui déclenche le cancer (oncogène), soit par l’affaiblissement d’un gène protecteur (anti-oncogène).

Désormais, impossible de l’ignorer : des traitements hormonaux à chaque tournant de la vie des femmes conduisent à un risque majeur, la folle progression des cancers du sein.

 

cancerdusein-2Il n’y a pas que le poisson !

Le professeur Henri Joyeux pense tenir une solide explication avec le rôle des hormones.

Revenons un instant à nos Japonaises, propose le professeur Joyeux. Malgré un mode de vie à la pointe de la civilisation, il y a tout de même quelques différences avec les Occidentales. Eurêka, pense-t-on aussitôt, c’était donc l’alimentation ! Une alimentation riche en poisson, en légumes, en soja, pauvre en graisses animales. Un régime que tout le monde s’accorde à penser très sain.

Pour le professeur Joyeux, cette raison est plutôt subsidiaire. Les Japonaises n’ont pas que l’alimentation dans leur vie quotidienne pour les différencier des Occidentales. Il y a aussi l’imprégnation hormonale. Le cancer du sein est connu pour être hormono-dépendant. Or dans notre vie de femmes occidentales, nous sommes imprégnées d’œstogènes à de multiples carrefours de notre vie.

Jetons un dernier coup d’œil sur la vie quotidienne de nos Japonaises. Une fois écartée la piste du poisson, l’autre grande différence est qu’elles utilisent beaucoup moins les hormones que leurs sœurs occidentales. Elles prennent beaucoup moins la pilule : préservatifs et avortement correspondent plus à leurs références culturelles. A l’âge de la ménopause, pas de traitements hormonaux de substitution (THS). Moins imprégnées d’hormones pendant toute leur vie, elles sont mieux préservées des attaques du mal terrible. Les habitudes alimentaires viennent alors plutôt comme adjuvant à cette préservation.

 

cancerdusein-5Un facteur de poids

Le diagnostic de notre plus grande vulnérabilité au cancer étant posé, que faut-il faire ? La réponse s’impose d’elle-même : vérifier que toutes les hormones médicalement administrées nous sont bien nécessaires, et non seulement les hormones, mais aussi tous les médicaments qui favorisent la sécrétion de prolactine, et ils sont nombreux, des diurétiques au antidépresseurs et des anti histaminiques aux anxiolytiques. Le cancer du sein est une maladie diverse, mouvante, incertaine, aux causes multifactorielles. Il faut savoir que l’imprégnation hormonale ne déclenche pas directement le cancer du sein, mais c’est néanmoins un facteur de poids qui favorise la multiplication des cellules cancéreuses ou l’évolution des cellules précancéreuses.

Évidemment, pour les produits hormonaux comme pour les médicaments qui favorisent la sécrétion de prolactine, il n’y a aucun danger s’ils ne sont pris que ponctuellement, lors d’une étape de la vie ou d’une crise douloureuse. Le tout est d’être prévenu et de ne jamais laisser retomber sa vigilance. Pourtant, plus que l’imprégnation hormonale, c’est peut-être plutôt notre genre de vie qui nous veut du mal. La société nous propose violemment des modèles de perfection et des moyens d’y parvenir en même temps qu’elle nous détruit par tout ce que nous connaissons si bien : le stress, les obligations, la course permanente, les difficultés de la vie… 

Et le stress est aussi un facteur de cancer. La solution, pour le professeur Joyeux, a tout simplement nom hygiène de vie. Et c’est sans surprise que nous allons retrouver, dans une grande opération anti-stress et anti-cancer, des conseils de vie que nous connaissons déjà bien : l’exercice physique, une alimentation saine, l’impasse sur le tabac et l’alcool, et limiter chaque fois que cela est possible le recours aux médicaments et aux traitements hormonaux, surtout s’ils doivent être au long cours.

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